3. Professions culturelles

Le présent chapitre présente une perspective quantitative raffinée sur la composition, la taille et la croissance du secteur culturel à l’aide de l’unité de mesure « emploi dans les professions culturelles », qui correspond le mieux à la vision que la plupart des partenaires ont du secteur. Bien que, comme concept, les professions culturelles soient indéniablement liées au cadre conceptuel que Statistique Canada utilise pour définir le secteur, les valeurs actuelles de l’emploi sont distinctes d’une perspective à l’autre. Pour de plus amples détails individuels et modulaires sur les aspects du travail dans les professions culturelles, voir le Chapitre 7 : Consultations du secteur culturel.

Contrairement à la majorité des situations d’emploi que l’on retrouve au Canada—où les employés travaillent pour un seul employeur, habituellement à plein temps, sur une base annuelle et avec des avantages et des versements statutaires—la très forte incidence du travail autonome est l’une des caractéristiques dominantes du travail dans le secteur culturel. En effet, les données du recensement de 2016 de Statistique Canada suggèrent que, dans les professions culturelles, le travail autonome représente près de 28 p. 100 de l’emploi—plus de deux fois le niveau national qui est de 12 p. 100. Étant donné le pourcentage élevé des arrangements de travail à temps partiel et du travail temporaire et contractuel très courants dans le secteur culturel, plusieurs travailleuses et travailleurs vivent beaucoup d’incertitude en matière d’emploi, d'heures de travail, de rémunération et d’avantages sociaux.

De plus, beaucoup de ceux et celles qui travaillent dans le secteur culturel occupent des catégories d’emploi non traditionnelles, comme les travailleurs autonomes qui sont à leur « propre compte » (une personne qui travaille de façon autonome sans avoir d’employés rémunérés) ou les travailleurs autonomes « employeurs » (une personne qui travaille de façon autonome et qui a des employés rémunérés). Plutôt que d’occuper des postes à plein temps, plusieurs sont des employés à temps partiel, temporaires ou contractuels. Ajoutons qu’en raison de l’incidence élevée d’emplois non traditionnels dans le secteur, plusieurs personnes ont plus d’un emploi (deux ou plus) en même temps.

Le chapitre présente un profil de l’emploi au sein de la main-d’œuvre culturelle en se basant sur les dernières données du recensement de Statistique Canada. Ce profil porte sur les professions culturelles plutôt que sur les établissements culturels, et cela afin de tenir compte des personnes employées dans le secteur culturel qui ne travaillent pas dans les établissements culturels. Cette analyse comprend les personnes qui travaillent dans les établissements culturels en tant qu’employés ou en tant que travailleurs autonomes.

Voir l’Annexe B pour une liste complète des professions.

3.1 Profil de l’emploi dans les professions culturelles

3.1.1 Portrait général de l’emploi

En 2015, 798 305 personnes occupaient des professions culturelles au Canada ce qui représente 4 p. 100 de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne. Les professions de la production créative et artistique comptaient pour plus de la moitié de la main-d’œuvre culturelle (53 p. 100). Les professions techniques et opérationnelles représentaient 41 p. 100 de la main-d’œuvre. Les derniers 6 p. 100 étaient constitués des professions de la collecte et la conservation du patrimoine, combinées aux professions de la gestion de la culture.

Selon les données des recensements de 2011 et de 2016, l’emploi dans les professions culturelles a augmenté de 3,2 p. 100 entre 2010 et 2015, légèrement plus bas que la croissance de l’emploi dans l’ensemble de l’économie pour la même période. Ce sont les professions de la production créative et artistique qui ont connu la plus forte croissance, passant à presque trois fois plus que le rythme de croissance de tout le secteur culturel. Par contre, dans les trois autres groupes professionnels l’emploi a décliné au cours de ces cinq années et ce sont les professions de la collecte et de la préservation du patrimoine qui ont connu la baisse la plus forte. Pour la répartition complète de la croissance de l’ensemble des professions culturelles, voir l’Annexe B. Les estimations de la main-d’œuvre culturelle dans le présent chapitre diffèrent de celles qui sont présentées dans le Compte satellite de la culture de Statistique Canada. Le cadre conceptuel du Compte satellite de la culture est basé sur les produits culturels ou les industries culturelles et, par conséquent, les données ne correspondent pas précisément aux professions culturelles. De plus, dans le Compte satellite de la culture, les chiffres représentent le nombre d’emplois équivalents à une année complète—alors que les emplois saisonniers ne comptent que pour la partie de l’année qu’ils représentent.

Graphique 3.1.1 : Croissance de l'emploi, 2010-2015

Graphique 3.1.1 : Croissance de l'emploi, 2010-2015

Source : Statistique Canada, Recensements de 2011 et 2016.

Tableau 3.1.1 : Emploi dans les professions culturelles, 2010–2015

Professions culturelles

2010

2011e

2012e

2013e

2014e

2015

Production créative et artistique

379 815

388 752

397 898

407 260

416 842

426 650

Collecte et conservation du patrimoine

25 925

24 492

23 138

21 860

20 651

19 510

Gestion de la culture

 32 359

 31 490

30 644

29 821

29 020

28 240

Technique et opérations

335 372

333 047

330 737

328 444

326 167

323 905

Total des professions culturelles

773 472

777 781

782 418

787 385

792 680

798 305

Source : Statistique Canada, Recensements de 2011 et 2016.
e = estimation

3.1.2 : Distribution des genres dans la main-d’œuvre culturelle

Selon le dernier recensement de Statistique Canada (2016), l’ensemble de la main-d’œuvre culturelle canadienne se divise presque également entre les hommes et les femmes. Bien que dans la plupart des groupes professionnels on retrouve généralement davantage de femmes que d’hommes, dans le groupe des professions techniques et opérationnelles, ce sont les hommes qui sont majoritaires.

Tableau 3.1.2 : Distribution des genres dans les professions culturelles, 2015

Professions culturelles

2015

Hommes %

Femmes %

Production créative et artistique

 426 650

48,7 %

51,3 %

Collecte et conservation du patrimoine

19 510

37,0 %

63,0 %

Gestion de la culture

28 240

48,0 %

52,0 %

Technique et opérations

 323 905

51,4 %

48,6 %

Total des professions culturelles

 798 305

49,5 %

50,5 %

Source : Statistique Canada, Recensement 2016

3.1.3 Distribution régionale de la main-d’œuvre culturelle

Les données du recensement montrent qu’en 2015, la majorité de la main-d’œuvre culturelle employée au Canada se retrouvait en Ontario et au Québec, les deux provinces comptant pour 65 p. 100 du total de la main-d’œuvre culturelle du Canada pour cette même année. Pour leur part, les Prairies et la Colombie-Britannique comptaient pour 30 p. 100 de l’ensemble de la main-d’œuvre culturelle et les 5 p. 100 qui restent se retrouvaient dans les provinces de l’Atlantique (Terre-Neuve et Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick) ainsi que dans les territoires.

Graphique 3.1.3 : Distribution régionale de la main-d'oeuvre culturelle, 2015

Graphique 3.1.3 : Distribution régionale de la main-d'oeuvre culturelle, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

3.2 Profil démographique de la main-d’œuvre du secteur culturel

3.2.1 Profil de l’âge

En général, les travailleuses et travailleurs sont plus jeunes en moyenne que l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne. Près de 59 p. 100 des travailleuses et travailleurs culturels ont 44 ans ou moins et le pourcentage de cette catégorie d’âge est de 55 p. 100 au niveau national. Les travailleuses et travailleurs culturels sont toutefois plus âgés qu’ils n’étaient il y a cinq ans alors que près de 62 p. 100 d’entre eux avaient 44 ans ou moins.

Puisque le recensement ne tient compte que de la profession principale des travailleuses et travailleurs, il est fort probable que des travailleuses et travailleurs de certains groupes d’âge soient sous-représentés dans le secteur culturel. En réalité, il n’est pas rare que les plus jeunes travailleuses et travailleurs culturels occupent un emploi ailleurs (pour des raisons financières) avant de pouvoir s’établir dans le secteur culturel. Par conséquence, leur participation au secteur culturel ne se retrouvera pas dans les données du recensement.

Parmi les groupes professionnels culturels, ce sont les professions de la production créative et artistique où l’on retrouve les travailleurs et travailleurs ayant le plus grand écart d’âge. Par exemple, plus de 60 p. 100 des danseuses et danseurs ont 34 ans ou moins tandis que plus du tiers des peintres, sculpteures et sculpteurs et autres artistes visuels ont plus de 55 ans. Dans les professions de la collecte et de la conservation du patrimoine, près de la moitié des employés ont 45 ans et plus.

Graphique 3.2.1 : Profil de l'âge dans le secteur cuturel, 2015

Graphique 3.2.1 : Profil de l'âge dans le secteur cuturel, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Les profils d’âge des autres groupes professionnels culturels (gestion de la culture, technique et opérations) sont similaires à ceux de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne.

3.2.2 Statut d’immigration et de minorité visible

Les personnes immigrantes ou faisant partie d’une minorité visible[1] sont plus ou moins sous-représentées parmi les travailleuses et travailleurs culturels. Parmi les quatre groupes professionnels, ce sont les professions de la collecte et de la conservation du patrimoine qui comptent la plus petite part de travailleuses et travailleurs immigrants ou faisant partie d’une minorité visible. (Voir le Graphique 3.2.2).

Graphique 3.2.2 : Statut d'immigration et de minorité visible, 2015
(partie du total des travailleuses et travailleurs)

Graphique 3.2.2 : Statut d'immigration et de minorité visible, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

3.2.3. Situation de l’emploi

Le travail autonome est une caractéristique commune de la vie professionnelle de plusieurs travailleuses et travailleurs culturels canadiens. En fait, près de 41 p. 100 des personnes qui travaillent dans les professions de la production créative et artistique sont des travailleuses et travailleurs autonomes. Dans l’ensemble, la part de travailleuses et travailleurs autonomes dans le secteur culturel (28 p. 100) est plus du double du taux que l’on retrouve dans l’ensemble de la main-d’œuvre du Canada qui lui, est de 12 p. 100.

À l’opposé, l’incidence du travail autonome parmi le personnel de la collecte et de la conservation du patrimoine est beaucoup plus basse que dans l’ensemble de la population active canadienne, soit 1,5 p. 100. Par contre, la part de travailleuses et travailleurs autonomes dans les professions de la gestion de la culture et les professions techniques et opérationnelles est similaire à celle de l’ensemble de la main-d’œuvre du Canada (11 et 14 p. 100). (Voir le Graphique 3.2.3.1a.)

Graphique 3.2.3.1a : Situation de l'emploi - Employés, travailleuses et travailleurs autonomes par groupe professionnel, 2015

Graphique 3.2.3.1a : Situation de l'emploi - Employés, travailleuses et travailleurs autonomes par groupe professionnel, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Graphique 3.2.3.1b : Situation de l'emploi - Employés, travailleuses et travailleurs autonomes par domaine culturel, 2015

Graphique 3.2.3.1b : Situation de l'emploi - Employés, travailleuses et travailleurs autonomes par domaine culturel, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Un modèle intéressant émerge lorsque l’on regarde les données avec la perspective d’un domaine culturel. Plus de la moitié des travailleuses et travailleurs de l’enregistrement sonore font du travail autonome (54 p. 100). Près de 42 p. 100 des travailleuses et travailleurs des arts de la scène, un domaine qui, traditionnellement, se caractérise par du travail selon les besoins (par « gig ») sont des travailleuses et travailleurs autonomes

Dans les professions culturelles, la part de travail à temps partiel par rapport à l’emploi à plein temps est la même que dans l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne. Parmi les travailleuses et travailleurs culturels, 13 p. 100 occupent un emploi à temps partiel, c’est-à-dire moins de 30 heures de travail par semaine. L’emploi à temps partiel semble être plus courant parmi les professions dont le taux de travail autonome est élevé comme celles qui font partie des professions créatives et artistiques. Il faut toutefois noter que l’activité de travail n’est classée que sur les heures travaillées qui sont rémunérées : cela n’inclut pas les heures non payées consacrées à la formation, à la pratique et à la préparation, qui font pourtant partie des choses à faire pour gagner sa vie dans le secteur culturel. Dans le cas des travailleuses et travailleurs culturels, il est possible que la part de l’emploi à plein temps puisse être sous-estimée puisque l’on ne tient pas compte des heures non rémunérées. Et il n’est vraiment pas surprenant de constater que la plupart des emplois dans les professions de la gestion de la culture (90 p. 100) sont des emplois à plein temps.

Graphique 3.2.3.2 : Statut d'emploi - Temps partiel et plein temps, 2015

Graphique 3.2.3.2 : Statut d'emploi - Temps partiel et plein temps, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.
Note : La partie des travailleuses et travailleurs qui n’ont pas d’heures travaillées n’est pas incluse.

3.2.4 Profil de l’éducation

Un autre élément qui définit les travailleuses et travailleurs culturels est leur niveau élevé de fréquentation scolaire : 43 p. 100 des travailleuses et travailleurs culturels ont obtenu un baccalauréat ou davantage, comparé à 25 p. 100 pour l’ensemble de la main-d’œuvre. Dans la partie la plus basse du spectre de l’éducation, le pourcentage de travailleuses et travailleurs culturels sans diplôme d’études secondaires est plus faible que celui de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne (4 p. 100 pour les travailleuses et travailleurs culturels contre 12 p. 100 pour l’ensemble de la main-d’œuvre).

Parmi tous les groupes professionnels de la culture, ce sont les professions de la collecte et de la conservation du patrimoine qui enregistrent les niveaux les plus élevés d’éducation : près de la moitié des travailleuses et travailleurs ont un diplôme de maîtrise ou plus (47,2 p. 100). Cela n’est peut-être pas surprenant puisque se qualifier pour les postes de cette catégorie exige habituellement beaucoup de formation spécialisée. Un autre 19 p. 100 ont un baccalauréat ce qui signifie que les deux-tiers des travailleuses et travailleurs de la collecte de la conservation du patrimoine ont des diplômes universitaires. De leur côté, 37 p. 100 des travailleuses et travailleurs des professions techniques et opérationnelles ont un diplôme de baccalauréat ou davantage.

Graphique 3.2.4 : Profil de l'éducation, 2015
(Partie du total des travailleuses et travailleurs dans chaque domaine)

Graphique 3.2.4 : Profil de l'éducation, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Note : Cette partie des travailleuses et travailleurs qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires ou moins n’est pas incluse. « PhD » comprend tous les doctorats, y compris, par exemple, les doctorats en musique.

3.2.5. Rémunérations et salaires

Malgré les niveaux d’éducation élevés de la main-d’œuvre culturelle, les revenus d’emploi enregistrés dans les professions culturelles ont tendance à être moins élevés que dans l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne. Cela est vrai tant pour les emplois à plein temps que les emplois à temps partiel. Pour les travailleuses et travailleurs à plein temps, le revenu moyen dans les professions culturelles était de 8 300 $ inférieur à celui de l’ensemble de la main-d’œuvre pour l’année 2015 et la différence était de 2 230 $ pour les travailleuses et travailleurs à temps partiel.

Les données du recensement n’indiquent toutefois pas si la portion du revenu annuel des travailleuses et travailleurs provient de la profession principale ou secondaire. Pour cette raison, les données du recensement pourraient présenter une interprétation asymétrique du revenu d’emploi moyen dans la mesure où le pourcentage de personnes ayant plus d’un emploi est très élevé dans le secteur culturel. De plus, il vaut la peine de souligner que les données sur le revenu recueillies lors du recensement ne donnent pas nécessairement tout le portrait des revenus gagnés par les travailleuses et travailleurs culturels. Plus particulièrement, plusieurs travailleuses et travailleurs autonomes du secteur culturel sont payés à la pièce ou pour le nombre d’heures travaillées. Les heures non payées consacrées à la préparation ou à la pratique—une partie inhérente du travail dans le secteur culturel—ne sont pas comptées dans le recensement. Par conséquent, si elles l’étaient, dans plusieurs cas, les travailleuses et travailleurs culturels auraient un salaire horaire beaucoup plus bas que celui des travailleuses et travailleurs des professions plus conventionnelles.

Graphique 3.2.5.1 : Niveaux moyens des revenus d’emploi, 2015

Graphique 3.2.5.1 : Niveaux moyens des revenus d’emploi, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

La distribution des revenus dans le secteur peut également être déterminée en observant le différentiel entre les revenus moyens et les revenus médians. La rémunération moyenne est calculée comme la somme de tous les salaires annuels payés dans le secteur, divisée par le nombre de travailleuses et travailleurs dans le secteur. Le salaire médian est le point milieu des salaires dans le secteur—le point où 50 p. 100 des salaires sont plus élevés que la médiane et 50 p. 100 sont plus bas que la médiane. Une petite différence indique que les revenus au sein du secteur sont distribués de manière relativement égale tandis qu’une grande différence suggère que quelques personnes ont un revenu élevé dans le secteur et que la majorité a de faibles revenus.

Si on les compare à la main-d’œuvre canadienne dans son ensemble, les travailleuses et travailleurs culturels se caractérisent par un différentiel considérablement plus bas entre le salaire moyen et le salaire médian (5 700 $ pour les professions culturelles contre 12 200 $ pour l’ensemble de la main-d’œuvre). (Voir Graphique 3.2.5.2.) Cela suggère que moins de professions culturelles ont de grandes disparités dans les salaires. Parmi les groupes de professions culturelles, ceux où l’on retrouve les plus grands différentiels entre les salaires moyens et les salaires médians sont les professions de la production créative et artistique et celles de la gestion de la culture.

Graphique 3.2.5.2 : Niveaux de revenu - Moyens et médians, 2015

Graphique 3.2.5.2 : Niveaux de revenu - Moyens et médians, 2015

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

3.3 Rendement du marché du travail des professions culturelles

Ce chapitre présente une analyse plus détaillée des revenus dans les différentes professions culturelles.

3.3.1 Professions de la production créative et artistique

Indicateur

Production créative et artistique

Total secteur culturel

Total économie canadienne

Emploi

426 650

798 305

19 956 255

Revenu moyen

37 417 $

43 686 $

48 930 $

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

La production créative et artistique représente le plus grand groupe de professions culturelles. En 2015, il englobait plus de la moitié de l’ensemble des travailleuses et travailleurs culturels pour l’année 2015 (53 p. 100) dont plusieurs des professions traditionnellement associées à la culture comme les actrices et acteurs, les danseuses et danseurs, les écrivaines et écrivains et les musiciennes et musiciens.

La croissance de l’emploi dans les professions de la production créative et artistique a augmenté de 12 p. 100 entre 2010 et 2015, dépassant largement la croissance de 3,2 p. 100 dans l’ensemble des professions culturelles.[2] Il faut toutefois signaler que cette forte croissance coïncide avec le ralentissement économique qui a touché le Canada à cette époque. Une partie de la croissance viendrait peut-être des travailleuses et travailleurs qui étaient sans emploi dans d’autres secteurs et qui sont venus travailler dans le secteur culturel. Parmi les professions de cette catégorie, une forte croissance a été constatée pour les « autres artistes de spectacle », une catégorie qui comprend les artistes de cirque, les magiciennes et magiciens, les mannequins et les marionnettistes (46 p. 100), les peintres, les sculptrices et sculpteurs et autres artistes visuels (34 p. 100) ainsi que les actrices et acteurs et les comédiennes et comédiens (27 p. 100).

Dans quelques professions, il y a eu une diminution de l’emploi au cours de cette période : ce sont les journalistes qui ont subi le déclin le plus important (une baisse de 12 p. 100) et les réviseures et réviseurs et les rédactrices et rédacteurs qui ont enregistré une baisse de 4 p. 100. Les professions les mieux payées de ce groupe étaient les urbanistes et les planificatrices et planificateurs de l’utilisation des sols, avec un revenu moyen de 73 935 $ en 2015 et les architectes avec un revenu moyen de 72 885 $. Les professions les moins payées sont les danseuses et danseurs avec un revenu moyen de 16 005 $ et les musiciennes et musiciens et les chanteuses et chanteurs avec un revenu moyen de 18 734 $.

Une étude effectuée par l’Art Gallery de l’université York s’est penchée sur les rémunérations des artistes visuels professionnels du Canada. Le rapport, Waging Culture, constate que l’artiste visuel type a fait un revenu de 29 257 $ (toutes les sources de revenu) en 2012. Les sources de revenu provenant de domaines autres que les arts sont importantes pour les artistes visuels parce qu’elles constituent environ 27 p. 100, en moyenne de leur revenu total. L’étude estime que les femmes constituent 63 p. 100 des artistes visuels et qu’elles travaillent plus d’heures dans d’autres domaines que leurs collègues masculins.[3]

3.3.2 Professions de la collecte et de la conservation du patrimoine

Indicateur

Collecte et conservation du patrimoine

Total secteur culturel

Total économie canadienne

Emploi

19 510

798 305

19 956 255

Revenu moyen

54 722 $

43 928 $

48 930 $

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Le groupe professionnel de la collecte et de la conservation du patrimoine est constitué de seulement quatre professions : les bibliothécaires, les restauratrices et restaurateurs et les conservatrices et conservateurs, les archivistes ainsi que les techniciennes et techniciens du milieu naturel et de la pêche. C’est le groupe de professions culturelles le plus petit et il ne compte que 2,4 p. 100 de l’ensemble des travailleuses et travailleurs culturels. Entre 2010 et 2015, le nombre de personnes employées dans ce groupe a diminué de près du quart.

Un élément distinct de ce groupe est leur très haut niveau de scolarité. Près de la moitié des travailleuses et travailleurs ont un diplôme de maîtrise ou plus (47 p. 100). En agrégat, plus des deux-tiers des travailleuses et travailleurs de cette catégorie ont fréquenté l’université. Par conséquent, les professions du patrimoine se caractérisent par l’un des revenus moyens les plus élevés dans l’ensemble des professions culturelles (54 722 $ en 2015).

Vous trouverez un profil détaillé de la main-d’œuvre des bibliothèques dans l’Étude Redux des 8R sur les ressources humaines dans les bibliothèques de l’ABRC. Le rapport porte sur les conclusions d’une étude qui se penche sur les problèmes de ressources humaines auxquels devront faire face à long terme les bibliothèques de recherche. Il comporte un profil démographique du personnel des bibliothèques de recherche du Canada établi à partir d’enquêtes effectuées en 2013 et en 2014. L’étude a permis de constater que 52 p. 100 du personnel des bibliothèques canadiennes étaient des bibliothécaires ayant un diplôme de maîtrise en bibliothéconomie et en sciences de l’information. Environ 34 p. 100 du personnel était composé de paraprofessionnels qui travaillaient comme techniciennes ou techniciens en bibliothèque, assistantes ou assistants de bibliothèque ou de personnel de soutien en technologie de l’information. Parmi les bibliothécaires, 45 p. 100 occupaient un poste de supervision ou de gestion et 79 p. 100 étaient bibliothécaires depuis plus de six ans. L’étude révélait également une disparité de genre importante parmi le personnel des bibliothèques, soit que 69 p. 100 des bibliothécaires étaient des femmes.[4]

3.3.3 Professions de la gestion de la culture

Indicateur

Gestion de la culture

Total du secteur culturel

Total de l’économie canadienne

Emploi

28 240

798 305

19 956 255

Revenu moyen

75 081 $

43 928 $

48 930 $

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Comme dans le groupe du patrimoine, le groupe professionnel de la gestion de la culture est composée seulement de cinq professions : les bibliothécaires, les archives et les directrices et directeurs de galeries d’art; les directrices et directeurs en édition, films, radiotélédiffusion et en arts de la scène; les superviseures et superviseures de commis de bibliothèques, de correspondanciers et d’autres commis à l’information; les directrices et directeurs des services d’architecture et de sciences; les cadres supérieurs en radiotélédiffusion. Ce groupe professionnel compte 3,5 p. 100 de tous les emplois culturels. En général, dans ce groupe, l’emploi a diminué de près de 13 p. 100 entre 2010 et 2015.

Puisque l’ensemble des travailleuses et travailleurs de ce groupe professionnel sont des gestionnaires dans leurs établissements culturels respectifs, leur revenu moyen est le plus élevé de tous les groupes professionnels. En 2015, les travailleuses et travailleurs en gestion de la culture avaient un revenu moyen de 75 081 $. Il faut toutefois ajouter que ce groupe professionnel se compose de personnes travaillant dans des organismes à but lucratif et des organismes sans but lucratif. Dans les établissements à but lucratif, les salaires sont généralement plus élevés ce qui fait monter la moyenne du revenu.

En 2017, l’Étude nationale sur la rémunération des gestionnaires et des administrateurs des organismes sans but lucratif du domaine des arts constatait que les postes de gestion de la culture dans les organismes culturels continuaient d’accuser du retard par rapport à d’autres secteurs sans but lucratif et au secteur privé dans plusieurs aspects de la rémunération et des avantages sociaux. Par conséquent, bien que le niveau de rémunération soit plus élevé que dans d’autres professions culturelles, il reste inférieur à celui de l’ensemble de l’économie. Le roulement de personnel, les possibilités d’avancement professionnel limitées et une planification de la relève inadéquate sont les principaux défis à relever pour attirer et garder les gestionnaires.[5]

3.3.4 Professions techniques et opérationnelles

Indicateur

Technique et opérations

Total du secteur culturel

Total de l’économie canadienne

Emploi

323 905

798 305

19 956 255

Revenu moyen

42 144 $

43 928 $

48 930 $

Source : Statistique Canada, Recensement 2016.

Les professions techniques et opérationnelles constituent le deuxième plus grand groupe de professions culturelles à 41 p. 100 des travailleuses et travailleurs culturels. Dans les professions techniques et opérationnelles, l’emploi a baissé de 3,4 p. 100 entre 2010 et 2015. Ce sont les développeuses et développeurs de films et de photographies qui ont subi la plus forte baisse (54 p. 100), probablement parce que l’industrie du cinéma est entrée dans l’ère numérique. De plus, dans plusieurs professions reliées à l’imprimerie, l’emploi a connu un glissement considérable comme les opératrices et opérateurs de machines à imprimer (une baisse de 42 p. 100) et les opératrices et opérateurs de machines de finition (une baisse de 40 p. 100). À l’opposé, plusieurs professions ont eu des augmentations à deux chiffres, y compris la catégorie autre personnel technique et personnel de coordination en cinéma, radiotélédiffusion et arts de la scène (jusqu’à 41 p. 100). Le personnel de soutien du cinéma, de la radiotélédiffusion et des arts de la scène vient en deuxième place avec une hausse de 39 p. 100 au cours de la période de cinq ans.

[1] La Loi sur l’équité en matière d’emploi définit ainsi les minorités visibles : « Font partie des minorités visibles les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche. »

[2] Statistique Canada, Recensements de 2011 et 2016.

[3] Maranda, “Waging Culture 2012.”

[4] Delong, Kathleen. Étude Redux des 8R sur les ressources humaines dans les bibliothèques de l’ABRC

[5] CRHSC et Mercer (Canada), 2017, Étude nationale sur la rémunération des gestionnaires et des administrateurs des organismes sans but lucratif du domaine des arts.